LE PEUPLE EWE


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TYPE DE SOCIETE

Etaient-ils sédentaires ou nomades ?

Même si les Ewé ont connu beaucoup de migrations dans leur histoire, rien ne permet aujourd'hui d'affirmer qu'ils étaient des nomades. Ils étaient plutôt sédentaires, pratiquant essentiellement l'agriculture à Notsè comme dans les différentes localités où ils ont immigré.

Agriculteurs ou éleveurs ?

Les nombreuses communautés éwé vivaient politiquement indépendantes les unes des autres, pacifiques et attachées au travail de la terre.
La principale activité économique était donc l'agriculture de subsistance. Ces communautés pratiquaient l'agriculture extensive sur brûlis ; leur habitat dispersé, même encore aujourd'hui, en témoigne.
Ils cultivaient des céréales comme le maïs, des tubercules (patate douce, igname, manioc ou kuté), des légumineuses (haricot, arachides, etc.). Il importe de préciser que le maïs, le manioc, l'arachide voire le haricot sont des cultures introduites à partir du XVIIè siècle par les négriers, surtout portugais, de l'Amérique. Le maïs était conservé dans des grenier sur pilotis. A partir du XIXè siècle, le manioc était transformé en farine de manioc ou "gari", aujourd'hui un aliment de base des populations du sud-Togo. Les Ewé cueillaient aussi les noix de palme pour leur consommation (sauce, huile rouge ou dzomi, huile palmiste ou "némi"). L'huile palmiste servait à la fabrication du savon traditionnel "adzale". (Etou 2001, Ayi 1999, Tsogbé 1996, Apaloo 1988, Gayibor 1997).
Les travaux champêtres se déroulaient suivant les saisons. Entre "fio" ou "ada" (la grande saison pluvieuse) et "Kele" (la petite saison pluvieuse) pendant lesquelles se font les cultures, s'intercalent les moments de sécheresse au cours desquels les paysans avec des outils rudimentaires fabriqués par les forgerons (houe, coupe-coupe, hache etc.), préparent les terres pour les semailles et les bouturages (Etou 2001 : 45-46). Selon le calendrier de chaque communauté éwé, un jour est consacré au repos appelé "Vogbé" chez les Ewé au sud du lac Togo, "Klêgbé" chez ceux de Togoville, "Afetsigbé" à Tsévié. Mais les Ewé étaient aussi, dans une moindre mesure, éleveurs : élevage des ovins et caprins, de la volaille.

Autres activités socio-économiques

Ils pratiquaient aussi la chasse, la pêche, l'artisanat et les échanges commerciaux.
La chasse était une activité importante chez les Ewé. Elle allait de paire avec l'agriculture et leur fournissait du gibier pour leur consommation. Gbadjomé, par exemple, est une localité fondée par les chasseurs Bè-Togo (Etou 2001). Les habitants de Tsévié comme ailleurs se souviennent toujours de ces chasseurs à travers la "danse des chasseurs" au moment des grandes cérémonies. Il n'y a pas de période fixe pour la chasse ; on y va n'importe quand (Ayi 1999 : 73-74). Les chasseurs utilisaient la pierre (ékpé), le piège (eme), le piège à corde (waya) pour avoir du gibier. Les forgerons ravitaillaient les chasseurs en flèches empoisonnées, puis à partir du XIXè siècle, en fusils fabriqués localement. Les échanges avec les marchands négriers sur la côte ayant en effet popularisé l'usage des fusils de traite dès la fin du XVIIIè siècle, les forgerons locaux ne tardèrent pas à les copier, face à l'ampleur de la demande des armes et des chasseurs (Gayibor 1997: 174-175). Ou pouvait chasser la biche, l'agouti, l'écureuil, le rat, le chat sauvage, etc...


Danse de chasseurs en pays éwé

Les populations situées au bord des cours d'eau, de la lagune ou sur la côte se livraient à la pêche. Elles pêchaient de nombreuses variétés de poissons et de crustacées. La pêche maritime n'a commencé que dans la première moitié du XIXè siècle chez les Ewé au sud du lac Togo.
Notons aussi l'importance de l'artisanat chez les différentes communautés éwé. Il était très varié, allant du travail de la forge à l'art en passant par la poterie, la vannerie, le tissage, etc. Selon les traditions, la fonte était pratiquée à partir des cuirasses latéritiques ferrugineuses (ahlihoukpé) à Notsè comme à Togoville, Vogan, Tsévié … Les forgerons fournissaient aux autres corps de métiers les outils nécessaires dans l'accomplissement de leurs travaux : aux cultivateurs des outils destinés à préparer le sol pour recevoir les semailles, aux chasseurs diverses armes (Gayibor 1997 ; Etou 2001).
Avec des techniques éprouvées, les femmes éwé fabriquaient des outils en céramique, d'art ou de culte comme celles de Tegbé (Notsè) ; elles tissaient aussi des nattes (aba), des pagnes traditionnels (étsé).
Les différents produits étaient échangés sur les marchés des villages, même les esclaves domestiques. La périodicité des marchés variait selon les localités, 3, 4, 5, 6 jours, correspondant à la semaine chez les Ewé. Les commerçants se déplaçaient en caravanes pour des raisons de sécurité pour se rendre aux grands marchés régionaux (asiga) comme Atakpamé, Tohoun, Tsévié, Vogan, Togoville
Le sel de Kéta desservait toute la partie centrale du pays éwé par Ho, Agu, Kpalimé, Notsé, Tsévié, Xoxoé et le pays Adélé (Ayi 1999 : 75-78). Les transactions furent longtemps dominées par le troc, avant l'introduction des cauris dont l'usage fut généralisé dès le XVIè siècle à partir de la côte.



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