LE
PEUPLE EWE
Origines
| Type de société | Religion
Les Ewé appartiennent à l'aire culturelle Ajatado, géographiquement limitée par les cours inférieurs de l'Amugan (la Volta pour les Ewé) à l'ouest et de l'Ouémé à l'est, qui la mettent respectivement en contact avec les aires d'occupation akan (peuple de l'actuel Côte d'Ivoire) et Yorouba (peuple de l'actuel Nigéria). Leur histoire est relativement connue grâce aux travaux scientifiques qui leur ont été consacrés. On peut remonter le temps et suivre leurs migrations historiques jusqu'à leur peuplement actuel, reconstituer leurs activités économiques et leurs pratiques religieuses. Les Ewé tirent leurs origines des migrations qui, à partir d'Oyo, Ketu, puis Tado, donneront naissance au peuple éwé, dont l'histoire ne commence réellement qu'avec la fondation de Notsé au XVè siècle (Gayibor 1985 : 301-317).
Au cours du XVè siècle éclatèrent des conflits de succession dans le royaume de Tado, occasionnant des migrations successives. Les ancêtres des Ewé quittèrent ainsi Tado et se dirigèrent vers l'ouest pour s'installer, 70 km plus loin, sur le site de la ville de Notsé, alors occupé par un petit hameau, Tégbé. Un siècle plus tard, Notsé était devenue une cité-Etat dirigée par un roi-prêtre, le mawufia1, assisté de son conseil. Mais la cité connaîtra bientôt de profonds bouleversements avec l'arrivée au pouvoir d'Agokoli qui succéda à son père Ago, et qui voulut imposer son autorité sur la population en s'immisçant dans les affaires publiques, dont la conduite incombait pourtant à ses conseillers, les Tchami, et en faisant entourer la ville de vastes fortifications (Gayibor 1985 : 301-317, 380-407).
Pour fuir les exactions de ce monarque, jugé par la tradition cruel et tyrannique (peut-être parce que révolutionnaire ?), ses sujets décidèrent de s'exiler. Cette migration aboutit à l'implantation des Ewé sur un territoire limité approximativement, à l'est, par le Mono et, à l'ouest, par la Volta. Par crainte d'être à nouveau subjugués par un pouvoir central fort, les immigrants s'organisèrent en plusieurs communautés politiquement indépendantes, les "duko", dont les plus importantes sont les Anlo au sud-ouest, les Péki au nord-ouest, les Agu, Agomé, Danyi et Kpélé au centre, les Bè au sud-Togo et les Watchi au sud-est, auxquels il convient d'ajouter le groupement allochtone des Guin, qui forment à Aného et Glidji une communauté pluriethnique composée majoritairement à l'origine de Gâ et de Fanti émigrés de la Côte de l'or à la fin du XVIIè siècle, ainsi que d'Ewé, de "Brésiliens"2, etc...
Au total, les Ewé constituent la diaspora des migrants de la cité historique Notsè qui essaimèrent le sud du Togo et le sud-est du Ghana actuels entre la fin du XVIè siècle et la fin du XVIIè siècle.
Tado,
la cité historique des Aja, engendra Notsé
dont les immigrants seront appelés Ewé.
A Tado les traditions populaires rapportent que les ancêtres des Aja seraient venus du pays Yoruba (organisés en cités-Etats à fort caractère monarchique. Ilé-Ifè en était le cur spirituel, Oyo la principale puissance politique, appuyée sur une redoutable cavalerie). Togbé-Anyi, prince d'Oyo, aurait immigré à Kétou avec un groupe important ; il en repartit plus tard pour finalement élire domicile auprès des Alou à Azanmé, petit hameau des bords du Mono, qui deviendra Tado. (Gayibor 1997 : 154). Mais quelles étaient les activités socio-économiques des Ewé ? |